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Romain Jankowski auteur

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Un partage de textes, d'écriture avec des exclusivités sur mes romans ainsi que des extraits.


FUNESTE EBAUCHE

Publié par Romain Jankowski sur 25 Mars 2018, 11:49am

Catégories : #nouvelles

FUNESTE EBAUCHE

Ceci est ma dernière lettre, mon dernier mot, mon ultime éclat avant que les sombres aigreurs des ténèbres ne viennent à moi.

Ceux qui m’aiment ne doivent pas s’en soucier, ceux qui m’ont trahi doivent se sentir visés et ceux qui m’ignorent peuvent continuer.

Je dis Adieu à ces hommes et femmes qui peuplent toutes les terres, ces hommes et femmes tout juste bon à s’entretuer ou à s’haïr. Je suis désolé d’être si abrupt, mais la vie ne m’a pas fait de cadeaux, celle que j’aimais ne m’a pas épargné tout comme ces sombres images que j’ai pu voir en trente ans d’existence.

Ah ouais, trente ans. Ca peut vous sembler court, mais ce fut déjà trop long pour moi. Que cela cesse ! Toutes ces complaintes inutiles ou la recherche de l’argent à tout prix au mépris de... bah ! je ne sais plus, je n’ai jamais su. Il ne faudra pas m’en vouloir si je bafoue ou si je suis triste de mon sort. Comment pourrait-il en être autrement ?

Fini les maladies, qu’elles soient mentales ou physiques.

Fini l’avenir bancal, entre chômage et désillusions.

Enfin, fini la déception.

J’ai du mal à vous parler car je note en balbutiant, ne distinguant plus les mots écrits de ceux imprimés dans mon esprit. La bouteille à côté de moi, je tente de ne pas m’effondrer et de rester fort pour les quelques minutes qui me restent.

Elle, je l’appellerai Elle pour ne pas la nommer. Elle, elle n’a pas sa place ici et pourtant elle prend la plus importante. A quel moment ai-je pensé que j’aurai la chance d’être heureux ? Dans nos premiers mois, peut-être, ceux où j’ai cru voir une étincelle, ces instants où je l’avoue, j’ai pensé que tu m’aimerais toujours. Je ne sais même pas à quel moment ça a déconné. Ou si, ce jour où j’ai compris qu’un mec te collait aux basques... ah j’en sais rien ! Merde.

Bref, t’as décidé de ne rien me dire, cachant tout, même tes sentiments pour moi. Moi, pauvre type, n’ayant pas le courage de t’affronter et de te dire la vérité. J’ai préféré que tu nous détruises peu à peu, je t’ai laissé faire semblant et j’ai continué à aimer sans réserve. Rien ne fait plus mal que les mensonges, pas même la rupture, sèche et sans concession.

J’ai mal. Terriblement mal. Rien à voir avec mes cellules destructrices, non, plutôt avec ce que je ne contrôle pas. Ce que nous ne contrôlons pas. Vivez ce dont vous avez envie, ne vous limitez pas à ce que la société veut faire de vous. Pourquoi vous acharnez à vivre un mariage qui ne vous enchante plus lorsque vous vous levez ? Pourquoi rester avec un homme ou une femme qui ne vous attire plus ? L’être humain n’est pas fait pour l’attache et je l’ai compris depuis longtemps.

C’est désespérant hein ? Cette douloureuse pensée que tout nous échappe. Même certaines annonces.

Naître ce n’est pas promettre que la douleur fera partie intégrante de notre existence. A l’aune de ma mort, je tente de décompter les moments heureux de mon existence. Et ils se désintègrent, grignotés par de sombres souvenirs qui ont pris toute la place en se frottant les mains. Je vous observe, heureux de me voir malheureux, enchantés que j’accède à votre finalité. Mais ce n’est pas pour vous que je fais ça.

Je dis Adieu à tous, des ouvriers aux PDG, des imbéciles aux plus brillants, du novice à l’expert, bref à tous. Vous n’avez pas compris l’impuissance de votre destinée. Rien ni personne n’est au-dessus de quelqu’un d’autre, on est tous au même niveau, on a tous des qualités et des défauts. Je termine ce passage par cette phrase clichée parce qu’elle sera toujours vraie. Même si personne ne le pense...

Mes parents, maman, papa, je vous aime et je vous demande de me pardonner. Quatre mois à me voir dépérir, vous auriez aimé ? Non, je n’en doute pas. Gardez ce beau souvenir de moi, celui d’un garçon qui n’a jamais voulu vous ennuyer avec ses échecs parce qu’il ne désirait à aucun moment apercevoir une larme dans les coins de vos yeux. Et je suis bien content de ne pas voir celles qui suivront à la lecture de cette funeste ébauche.

Je n’aurai pas vécu une seule journée de plus avec cette saloperie dans mon corps et je sais que vous comprendrez mon geste.

 

 

 

FUNESTE EBAUCHE est une nouvelle écrite par ROMAIN JANKOWSKI.

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